mardi 31 août 2010

On n'attrape pas le vinaigre avec des mouches



Nous sommes tous des playmobiles - Nicolas Ancion

Recueil de 10 nouvelles à l'humour grinçant, limite "humour noir" (mais dans son bon côté en ce qui me concerne !). Ce sont des nouvelles courtes, le livre ne fait que 152 pages, une écriture précise qui donne très envie de découvrir cet auteur belge. Il a recueilli le Prix Franz de Wever de l'Académie royale de langue et littérature belges.

La zone de dépression reprit le dessus dès qu'il fut entabouretté au coin du bar. Une bière chassa l'autre. Il en vida trois. C'étaient des demi-litres plats, sans mousse, pareils à sa vie terne : brunâtre et sans remous. Le barman lui offrit un whisky, c'était un autre tempérament. Il sentit l'alcool descendre dans ses jambes et réchauffer ses tempes. Il regarda l'heure : il n'avait plus le temps de le prendre...

... devant lui une Renault tortuait sans carapace.

Ces deux passages juste pour vous donner une petite idée du style "différent", j'adore "entabouretté" !!! Une des nouvelles fustige d'ailleurs ce snobisme de la langue qui interdit toute fantaisie et impose des codes stricts à ses utilisateurs.

A lire !!!

jeudi 26 août 2010

La citation du Jeudi -3-




Ce n'est pas la moindre merveille de la littérature que l'aboutissement de ses inventions les plus singulières soit souvent une formule de la plus grande banalité, une sorte d'expression proverbiale.
Honoré de Balzac - La peau de chagrin

Pour la petite histoire...
J'ai lu "la peau de chagrin" en 5e !!! et je me souviens avoir été frappée par cette toute première phrase que j'avais dû relire plusieurs fois avant de commencer à y comprendre quelque chose ! D'ailleurs tout le livre m'a paru être un infini pensum et je suis passée totalement à côté de sa "philosophie"... Je l'ai relu quelques années plus tard et j'ai adoré !

Et parce que la rentrée scolaire arrive à grands pas, je suis obligée de citer le texte inscrit sur cette fameuse "peau de chagrin" :

Si tu me possèdes, tu posséderas tout
Mais ta vie m'appartiendra. Dieu l'a
Voulu ainsi. Désire, et tes désirs
Seront accomplis. Mais règle
Tes souhaits sur ta vie.
Elle est là. A chaque
Vouloir je décroîtrai
Comme tes jours.
Me veux-tu ?


Comprends pas pourquoi nos petits 5e préfèrent Harry Potter ? ;-) Pfffffff ;-) (attention, maintenant que je suis "grande", j'adore ce livre !!!!)

jeudi 19 août 2010

Une citation (eh oui, on est jeudi !) et une histoire de merles


C'est au pied du mur qu'on mange les merles - Luc Doyelle

J'attendais l'Amie. Une fois n'étant pas coutume, elle devait revenir, non d'une journée pétrolifère, mais d'une excursion en service de crabologie de l'hôpital Tom de Savoie. A moins que ce fût l'hôpital Mont d'Or, la mémoire me faisant défaut, mais j'étais sûr que c'était un nom de fromage.
L'Amie faisait désormais partie du club très fermé des anciens combattants du village. Elle courait se recueillir, une fois par an, aux côtés de ses amis poilus, dans un brouhoho* de cors et de cymbales. Puis la fameuse minute de silence lui donnait l'occasion de revivre intensément la bataille du crabe, qui durant une longue année, l'avait opposée à un crustacé de la pire espèce. La victoire lui avait été attribuée à l'unanimité d'un jury de crabologues, qui lui avait décerné, en récompense, les oreilles et la queue du crabe. Elle en avait gardé quelques cicatrices, une dans la région mammaire, l'autre dans la zone sterno-cléido-mastoïdienne*.

(les astérisques vous mènent à des notes de bas de page complètement farfelues...)

Ce livre est le second commis par Luc Doyelle (après "les liaisons presque dangereuses") et j'adore lire Luc... J'ai l'impression d'écouter un copain me murmurer à l'oreille ses mésaventures... Ici, une histoire de placards abracadabrantesque mais aussi une histoire de "choix de vie", bien plus sérieuse...

Le passage ci-dessous donne une bonne idée de la plume de Luc, de l'humour (j'ai eu le sourire aux lèvres durant toute ma lecture) mais aussi, cachées derrière la bravade, de l'émotion, de la tendresse et de la gravité. Je lui dois une nuit quasi blanche...

Vous trouverez de nombreux avis sur la toile, mais il en est un que je vous recommande au-delà de tous les autres, celui de Fanyoun

Merci au "gamin timide" ;-)

jeudi 12 août 2010

La citation du Jeudi - 2 -



Les maisons représentent tant de choses pour nous, elles nous donnent leur chaleur, leur abri, et le moyen d'exprimer notre personnalité. Nous aimons les maisons neuves parce qu'elles sont prêtes à nous accueillir avec bienveillance, et les vieilles parce que leur tâche est déjà accomplie.

Les vieilles maisons ressemblent à un livre de contes. Tout ce que les gens ont dit, tout ce qu'ils ont pensé, doit y demeurer inscrit quelque part. Seulement l'écriture nous en reste invisible.
La cité des cloches - Elizabeth Goudge

dimanche 8 août 2010

L'origine de la violence


L'origine de la violence - Fabrice Humbert

Professeur de lettres dans un lycée franco-allement, le narrateur visite avec ses élèves le camp de concentration de Buchenwald. Il y découvre la photographie d'un prisonnier qui ressemble de façon frappante à son propre père. Intrigué, il décide d'enquêter sur cet homme au risque de déterrer de lourds secrets familiaux.

J'ai beaucoup pensé au "secret" de Grimbert en lisant ce roman et... à la défaveur de "l'origine...", les thèmes sont très proches et j'ai trouvé le roman de Fabrice Humbert trop bavard. Le narrateur trouve dans l'histoire de sa famille l'explication à son caractère emporté et secret :

Mon impuissance à surmonter les non-dits avait toujours fait mon désespoir. Je m'accommodais des silences avec une capacité de boa constrictor. Ils entraient en moi, enflaient, parcouraient leur sinueux chemin sans jamais ressortir. La situation pouvait ainsi s'empoisonner lentement, avec une vénéneuse patience.

Malgré tout, je n'ai pas réussi à "embarquer" dans ce roman, j'en attendais probablement trop...

Un très bon roman pour Fashion, un coup de coeur pour PapillonKeisha n'a pas vraiment adhéré, Yv a trouvé le propos répétitif, Mobylivres le trouve très dense, Laure a été gênée par l'association documentaire/roman.

jeudi 5 août 2010

Le jeudi... c'est... citation !

C'est Chiffonnette qui l'a dit !

Réhabilitons ce pauvre jeudi coincé entre le jour des enfants (oui, je sais, nous sommes en vacances, rhâaaa, yen a toujours "des" qui trouvent à redire !) et le vendredi devenu jour "soft" depuis les 35 heures ! (croyez-moi, j'habite en banlieue Sud et les parisiens quittent la capitale dès l'heure du déjeûner...)

Elle propose que le jeudi devienne "jour des citations"



Des citations tirées de livres, j'en ai des tonnes !!!! Je me ferai un plaisir de vous ouvrir ma malle aux trésors ...

Crève et fous-nous la paix !...
Oui, on vieillit. Oui, le meilleur est derrière nous. Oui, ça ne peut aller qu'en s'empirant. Oui, les consolations du genre "Chaque âge a ses plaisirs" sont des foutaises, car aucun être sensé n'osera prétendre que les veillées au coin du feu sont plus exaltantes que les galipettes dans un bois et que la verveine-menthe, c'est plus rigolo que le beaujolais. Oui, les années font office de picadores et nos forces coulent de nous comme le sang du taureau, oui ce n'est pas drôle mais il n'y a qu'une alternative : c'est ça ou mourir. Alors, le choix est simple : ou tu acceptes de vieillir avec tous les inconvénients que cela comporte en essayant toutefois de les pallier au maximum et tu n'emmerdes pas les autres, ou bien tu n'acceptes pas - ce qui est ton droit- et tu te flingues au plus vite...
Je sais que les malheurs d'autrui n'enlèvent rien aux nôtres, mais il me semble quand même que tu pourrais en tirer bon profit. Au lieu de t'occuper exclusivement de ton nombril, regarde un peu autour de toi, ouvre le journal, écoute les informations. Là, tu auras ta ration de vrais drames : la famine, les tremblements de terre, des explosions, des accidents de voiture, des cancers, des infarctus, des overdoses, des aggressions, des otages, partout des morts et encore des morts qui n'ont pas choisis de l'être... et des survivants anéantis. Après cela tu auras peut-être assez de bon sens, assez de décence pour ne pas te lamenter parce que tu as les méninges en berne, la virilité en deuil et le teint moins frais...
Tu n'as pas le droit de te plaindre. Il y a trop de gens qui voudraient être à ta place : des vivants... et des morts.
Les lits à une place - Françoise Dorin

Que des mots à coucher dehors...

La tête en friche - Marie-Sabine Roger

Germain Chazes est « brut de décoffrage », il passe ses soirées au café avec ses copains ou à traînouiller dans le jardin public où il y compte les pigeons. Là-bas, il rencontre Margueritte, vieille dame attendrissante :


Elle a beau faire sa maligne, elle est fragile. Elle a de petits os de piaf, je pourrais les casser entre deux doigts, facile. Je dis ça comme ça, c’est pour dire. Bien sûr, je ne le ferai pas. Casser les os de sa grand-mère, faudrait être taré ! C’est seulement pour montrer comme elle est délicate.

La vieille dame a une passion : les livres. Bientôt, elle fait la lecture à voix haute pour Germain, et lui, qui se croyait hermétique aux livres se met à aimer ce qu’il y trouve !

Les mots, ce sont des boîtes qui servent à ranger les pensées, pour mieux les présenter aux autres et leur faire l’article. Par exemple, les jours où on aurait l’envie de frapper sur tout ce qui bouge, on peut juste faire la gueule. Mais du coup, les autres peuvent croire qu’on est malade, ou malheureux. Alors que si on dit d’une façon verbale, Faites pas chier, c’est pas le jour ! ça évite les confusions.

Tentée par la bande-annonce du film sorti récemment au ciné, je suis allée voir le film avant de lire le livre. Je n’aime pas beaucoup Depardieu mais je l’ai trouvé excellent dans le rôle de ce gros balourd moins bête qu’il n’en a l’air, j’ai été un peu « choquée » par l’âge de sa compagne dans le film (au début, je croyais que c’était sa fille), par contre, comme Germain Chazes, je suis tombée sous le charme de Gisèle Casadesus qui campe à merveille cette vieille dame fragile. Les seconds rôles sont tout aussi bien distribués, mention particulière à Maurane qui est aussi bonne comédienne que chanteuse !



Des amies potineuses, toujours aussi attentionnées, m’ont offert le livre, merci à elles. J’ai eu l’impression d’une lecture « doudou », un peu comme « ensemble c’est tout », peut-être dégoûlinante de bons sentiments mais les personnages sont attachants, le livre se savoure comme un bonbon ! Une très belle découverte !

D'autres avis : Clara  le conseille, Manon n'est pas convaincue par l’adaptation cinématographique, Valérie parle d’un chef d’oeuvre d’humour et d’émotion pure, Celsmoon  a été chamboulée, C'est un coup de cœur pour Chiffonnette et l’avis de Theoma  qui regrette que le livre ne soit pas sorti en format Poche, je suis bien d’accord !

Un grand merci à Lapines, Slo et Sophie pour cette belle lecture !!!