jeudi 30 avril 2009

"Tout part de moi et y revient."



La secte des égoïstes - Eric-Emmanuel Schmitt


Un universitaire, lassé de ses recherches, décide d'ouvrir un livre au hasard... Il "tombe" sur l'histoire d'un homme du 18e s, fondateur de "la sectes des égoïstes". Intéressé par ce sujet, il chercher à en savoir davantage...

Comme disait le poète, le monde est-il d'une étoffe réelle, ou bien du tissu dont sont faits les songes ?

Qui vous prouve, docteur Malain, que vous êtes bien ici, et non dans votre fauteuil ou votre lit ?... ne peut-on pas rêver qu'on se réveille ? et se réveille-t'on jamais de la vie ?


Un soupçon de philosophie, on évoque la thèse du solipsisme puis... on se perd dans une enquête sans fin (le livre est tout petit mais j'ai mis beaucoup de temps à ingurgiter ses quelques pages), on cotoie la folie et l'histoire se termine heureusement par une pirouette qui relance l'attention du lecteur (malheureusement, le livre est fini).

Premier roman de Schmitt, j'ai regretté le côté un peu trop "simpliste", cette réflexion sur l'homme et son rapport aux autres m'a amusée mais la déviance du personnage et l'évocation de Dieu m'ont parus vraiment "too much" et je suis devenue lectrice passive du reste de l'histoire, si ce n'était la chute du livre, je l'aurai aussitôt oublié... A côté de son propos, il critique le monde des chercheurs, celui des "body-buildés" avec un humour qui, s'il est plaisant, détonne dans le reste de l'histoire :

Les garçons et les filles du personnel avaient ces têtes tragiques que l'on voit placardées en taille géante sur les panneaux publicitaires des grandes villes : visages sains, souriants, bronzés, bien dégagés, qui vantent une idée angoissante du bonheur où le corps est tout, et la vieillesse un cauchemar...

... Tous ces engins de torture, toute cette ferraille lestée qui laisse à peine une place au corps suant qui vient y souffrir auraient pu, je l'imaginais, dégager un charme pervers, exhaler les démons de la chair. Loin de là. Le nickel était roi, et le coussin en skaï son sujet. Les lieux avaient déteint sur leurs occupants : les femmes, ou du moins ce qui en avait nom, sèches, osseuses, sans poitrine ni fesses, avec un teint brun sombre de vieux marin sans doute chèrement acquis dans les cabines de bronzage, portaient à même le corps, qui n'était plus désirable à force d'être sportif, des combinaisons fluorescentes qu'on aurait plutôt vues en panneaux signalant la présence d'un chantier ou bien un accident.

Quant aux hommes, toute leur virilité semblait s'être curieusement réfugiée dans une paire de seins hypertrophiés, quoiqu'ils eussent l'air de s'en justifier en laissant pendre sans soutien dans leur short ou leur pantalon ce qui assurait de leur appartenance au sexe fort ; pour le reste, ils semblaient gonflés par je ne sais quoi, l'entraînement, la stupidité ou la prétention, et les attaches de leurs membres grossis restaient les seuls lieux de leur corps où, malheureusement, rien n'avait pu enfler comme un soufflé. Tout cela respirait la vulgarité heureuse de l'imbécile qui pense avoir raison.


Je n'aime pas les livres où Schmitt se veut trop philosophe, il me fait penser à Coelho (que je déteste) et n'arrive pas à m'accrocher.


3 commentaires:

  1. Je l'ai lu il y a deux ans il me semble... Je ne m'en souviens que vaguement... Il ne m'a pas laissé un souvenir impérissable !

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  2. C'est amusant, on a dû le lire presque au même moment!
    Le comparer à Coelho... Comme tu es méchante :p

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  3. @ Hathaway, tu me sembles aussi peu emballée que moi !
    @ Kali, méchante pour qui ? Coelho ou Schmitt ? ;-)

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