L'imposteur - François Marchand
Le narrateur, la trentaine, vivote sans but particulier :
J'étais un déclassé, incapable de maintenir le rang qu'un atavisme familial avait mis si longtemps à atteindre. L'apport culturel de mes parents se révélait un frein à mes tentatives d'engager une quelconque carrière professionnelle. Peut-être le poids des professions honorables, voire socialement prestigieuses, de mes ascendants pesait-il jusqu'à me persuader que j'étais indigne de poursuivre une telle lignée.
A cause d'un courrier arrivé par erreur dans sa boîte aux lettres, le voilà parachuté "Directeur des relations professionnelles" au Ministère de l'Emploi et de la Solidarité. Je garde volontairement le silence sur l'enchaînement de situations cocasses qui le mène à ce poste prestigieux, sachez juste que l'on ne peut s'empêcher de penser au Couperet de Westlake en lisant cet épisode. (impression qui s'est révélée juste, l'auteur avoue avoir apprécié ce livre)
Totalement étranger aux rouages de l'Administration, il arrive pourtant bien vite à comprendre son fonctionnement : des petites trahisons aux grandes corruptions en passant par le chantage, il se fait bien vite une place de choix. Tout ça n'est que le prétexte pour l'auteur de dénoncer certaines absurdités de notre système :
Le principal objectif d'un titulaire du RMI est, surtout, d'éviter l'emploi déclaré. Voire, pour beaucoup, d'éviter l'emploi tout court.
Mon arrivée coïncidait avec l'effervescence des "accords des 35 heures". Je compris très vite qu'il s'agissait d'une mine d'or. La loi allait obliger les entreprises à baisser le temps de travail hebdomadaire. En contrepartie de cette concession largement fictive puisque compensée par des gains de productivité et une plus grande flexibilité, les entreprises saisissaient l'occasion de baisser les salaires. Pour la première fois de son histoire, le pays connaissait cette situations inouïe : une croissance forte accompagnée d'une baisse des revenus du travail.
Il n'hésite pas à qualifier les 35h de gigantesque escroquerie légale
Puis j'ai très vite pensé à Fume et Tue de Laurain, on y retrouve la même atmosphère, totalement amorale mais férocement caustique.
Au final : un roman sympa auquel je fais quand même quelques reproches : quelques longueurs (la descriptions de certaines arnaques qui malheureusement sentent le "vécu"), j'ai trouvé que la fin s'essoufflait un peu et n'y ai pas retrouvé le charme des premiers chapitres.
L'auteur met le doigt sur toutes ces magouilles qui conduisent les ambitieux à "s'élever à leur niveau d'incompétence", mais il reste distancié, nous laisse faire avec lui le constat de ces corruptions sans que ni lui ni nous n'y trouvions de solution.
Et puis vendredi dernier, j'ai eu la chance de rencontrer l'auteur lors d'une des soirées littéraires mensuelles co-organisées par Méria.
Nous étions une bonne quarantaine à participer à cette soirée. L'auteur s'est prêté au jeu des questions, a souri devant les débats animés comparant les entreprises publiques et privées, il nous a même révélé le sujet de son prochain roman...
Il nous a bien confirmé que son roman n'est que le reflet (un peu exagéré parfois) de ce qu'on peut vivre au quotidien dans une grande administration, il ne propose pas de solution, mais en existe-t'il une ?
Ces soirées littéraires sont proposées par une association : http://lemenhirbrunoy.canalblog.com/ vouée à créer du lien social. Chaque mois, un auteur est convié à venir débattre de son livre avec des lecteurs passionnés, partant du constat qu'
Un livre a deux auteurs, celui qui l'écrit et celui qui le lit
(Jacques Salomé)
Ce principe de la soirée littéraire m'a l'air bien sympa et je pense que je vais me laisser tenter ; Slo et Méria y ont fortement contribué.
RépondreSupprimerMerci Doriane, pour ta participation active aux échanges avec l'auteur :-)
RépondreSupprimer@ K100dre, plus on est de fous...
RépondreSupprimer@ Méria, une très bonne soirée ! merci