Le Délégué - Didier Desbrugères
Prix du 1er roman de Draveil 2010
Dans une République non nommée, Joseph Strauber (S.) est en route pour prendre ses fonctions de Délégué. Pénétré de l'importance de sa mission, il imagine tout le bien qu'il fera à la communauté, il veut être le bienfaiteur de ses administrés... En chemin, il rencontrera Britov "dans la vie comme en service commandé, caparaçonné par un mortel désenchantement" sorte de courtisan qui lui enlèvera quelques illusions. Son arrivée à Lurna, son district, le mettra face à une réalité qu'il ne soupçonnait pas.
Denis Desbrugères était notre invité aux soirées de Brunoy vendredi dernier. Lauréat du Prix du 1er roman de Draveil 2010, il a bien voulu se plier au jeu des questions. Débat animé une fois encore où il a été question principalement d'humanisme.
Outre les idées qu'il véhicule, la grande qualité de ce roman est l'écriture : soignée ; l'auteur a d'ailleurs avoué que son éditeur a dû interrompre ses multiples relectures et corrections. J'ai eu l'impression bien souvent de croiser "le" mot juste, on y découvre même un ou deux néologismes (cheniller...).
Ce Délégué est un homme ambitieux qui veut le bien de ses semblables. Malheureusement, trop intègre, trop naïf, il ne sait pas s'en donner les moyens.
Alors on se jette dans cette voie qui n'est pas la sienne, dictée par des influences multiples qui nous pressent de toutes parts et qu'on n'a pas encore la force de trier, de repousser. Jusqu'au jour où le regard se dessille, où on discerne les contours de sa propre nature, c'est-à-dire dégagée du filet des influences, où on peut briser la gangue. Alors on est libre. Le travail essentiel commence. Celui d'être en harmonie avec soi et l'univers, pour le temps qui nous reste à vivre.
Le débat a été animé, l'auteur semble déçu de "l'humain", il pense que, si nous avons su faire évoluer nos savoirs scientifiques, nous n'avons pas su faire évoluer notre humanité. Ce pauvre Délégué, pétri de bonnes intentions, s'embourbe dans sa friche et s'agite de façon totalement stérile...
La sacro-sainte sélection naturelle, mal comprise et brandie par des fanatiques au cerveau bancal. Et cet atavisme de primate se lit à tous les niveaux des sociétés humaines, depuis les tyrans et les démocrates carriéristes jusqu'aux obscurs quidams. Car il existe toujours plus démuni que soi à asservir et à exploiter, plus faible sur qui exercer sa force, pour le profit et le jouissance confondus. Dès lors nul doute que si un progrès décisif devait survenir chez l'être humain, une réelle et déterminante évolution, ce ne serait ni l'élucidation des mystères de la matière ni la colonisation d'autres galaxies, mais une réforme de sa propre nature vers une compassion innée.
En bref, un roman bien écrit, qui pousse le lecteur à la réflexion. Il semblerait qu'un second roman soit dans les cartons, je guetterai sa parution...
Le mois prochain, nous accueillerons Harold Cobert pour "l'entrevue de Saint-Cloud"
Si vous êtes intéressés : http://lemenhirbrunoy.canalblog.com/
Superbe commentaire, d'une non moins superbe soirée !
RépondreSupprimerL'auteur nous a confié qu'un roman était en cours. Il a promis de nous contacter dès sa parution.
@ Méria, le débat était effectivement très intéressant !
RépondreSupprimerC’est vrai que le titre est accrocheur. Merci d’avoir pris le temps de lire ce livre pour nous en faire un résumé. C’est très apprécié.
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