mardi 29 juin 2010

Faire la cruche, se faire oublier


Le voisin - Tatiana de Rosnay

Colombe vient d’emménager dans un nouvel appartement. C’est une jeune femme sans histoires, transparente, même son métier est clandestin, elle est « nègre » et prête sa plume aux autres. Son rêve est d’écrire son propre roman mais jamais dans sa vie elle n’a osé se mettre en avant. Elle ne vit qu’au travers des autres :


De grosses lunettes rondes qui lui donnent l’air d’une chouette pèsent sur son nez. Elle ne les met pas devant Stéphane car il les trouve moches. L’avis de son mari lui importe. Il n’aime pas les tenues négligées, les joggings, les sweat-shirts. Elle s’habille en jupes droites et longues, pulls simples, mocassins. Les cheveux de Colombe, selon Stéphane, sont plus jolis attachés. Et toujours selon lui, elle n’a pas besoin de maquillage.

Est-ce ça, finalement, le bonheur ? Est-elle heureuse avec Stéphane ? Au fond, elle ne s’était jamais posé la question. Troublée (…) Bien sûr qu’elle est heureuse. Il n’y a qu’à regarder ses enfants, son mari. Le mot « bonheur » est estampillé sur leurs fronts. La petite voix revient, persiflante. Mais on ne te parle pas de tes gamins, idiote, ni de ton mari. On te parle de toi. De toi, Colombe. Tandis qu’elle contemple la photo, interloquée, une drôle de vision s’empare d’elle. Cette d’un cheval de labour, le regard cerné d’œillères, qui parcourt encore et encore un champ interminable.

Installée dans son nouvel appartement, elle est bientôt aggressée par un véritable « viol auditif », chaque nuit, aux alentours de 3h du matin, son voisin du dessus fait un tintamarre effroyable : il met la musique, déménage des meubles… et nuit après nuit, Colombe perd le sommeil et se sent persécutée par cet ennemi invisible qui ne se manifeste que les soirs où elle est seule. Pour tous, il est un voisin idéal, de la concierge à ses collègues, chacun s’entend à chanter ses louanges, sa discrétion et sa gentillesse.

A bout de nerfs, nuit après nuit, elle vit dans une angoisse qui monte crescendo. Elle perd tous ses repères et apprend à reconsidérer sa vie sous un jour nouveau.

J’ai profité d’une séance de signatures de Tatiana de Rosnay au « Livre écarlate » pour acheter ce roman qui me tentait depuis longtemps et qui vient d’être réédité aux Editions Heloïse d’Ormesson. Tatiana, toujours aussi charmante, nous a longuement parlé de ce livre, en présence de certains de ses « vrais » voisins puisque nous étions dans son quartier ! J’ai beaucoup aimé ce récit angoissant, le personnage de Leonard est terrifiant mais celui de Colombe tellement attachant.

J’ai adoré qu’elle réussisse à se désengluer de cette vie morne, bousculée par des événements terrifiants qui ont su lui révéler sa force intérieure et qui lui ont « rendu sa liberté ».

Je guette avec intérêt les prochaines rééditions des livres de Tatiana !

Pstt : un petit clin d’œil à Slo qui, elle aussi, a le malheur d’avoir un voisin indélicat !

Pstt (2) : j’adorerai une adaptation ciné !

Ici l’avis des lectrices du Club de Lecture d’Auféminin avec l’intervention de Tatiana (Yansor : c’est elle !)

vendredi 25 juin 2010

Combat 2 frères


Combat 2 frères - Markus Zusak



Ruben et Cameron sont deux jeunes ados issus d’une famille en difficultés : le père est sans travail depuis des mois, la mère se tue à la tâche en faisant des ménages, leur sœur passe son temps à traîner et rentre ivre le soir…


… quelque chose dans son regard me rappelle le Vieil Homme et la Mer. La voile rapiécée de l’embarcation du héros me fait penser à un drapeau. Le drapeau d’un perpétuel échec. Et le regard de Sarah exprime cela. Ses pupilles sont de la couleur de l’échec, même si son hochement de tête, son sourire et le mouvement malhabile qu’elle accomplit pour s’asseoir sur le divan indiquent qu’elle n’a pas encore abandonné. Elle va juste continuer à vivre, comme nous tous. Et continuer à sourire, comme nous tous.

Mais eux sont des combattants, des vrais, ils veulent se sortir de ce marasme.

Le jour où Perry Cole leur propose de participer à des matchs clandestins de boxe, ils acceptent aussitôt, avides de gagner de l’argent et de prouver qu’ils ont la rage de gagner. Mais ils apprendront qu’il existe une grande différence entre combattre et gagner.

J’imagine que lorsqu’on perd sa fierté ne serait-ce qu’un instant, on réalise l’importance qu’on lui accorde.

Un livre pour ados à partir de 14 ans. Une vraie réussite, les héros sont sympathiques, combattifs et cette famille est tellement unie malgré ses malheurs qu’elle met le sourire aux lèvres. Décidément, Zusak est un excellent auteur jeunesse !

lundi 21 juin 2010

Va te faire téter les yeux par les éléphants siffleurs...


Les mots des familles - Cookie Allez

Le principe de l'auteur : partir à la

Cueillette de mots et d'expressions que les familles fabriquent pour leur usage propre

Voilà le propos de ce livre. Pour moi qui suis amatrice de mots et d'expressions imagés, ce livre ne pouvait que me tenter. Je l'ai reçu dans le cadre de l'opération "Masse Critique" de Babelio.

Je l'ai dévoré un sourire aux lèvres, y reconnaissant certaines de mes expressions : Jifoutout (qui qualifie mes salades "vide frigo") ou bien encore le "sirop de cordum" (utilisé dans ma famille de façon un tantinet triviale), que dire du célèbre "LPM" : laisse pisser le mérinos !!!!! ou bien "pondre un Panzer" ?

Forcément, j'en ai retenu quelques une que j'utiliserai probablement dans l'avenir :

C'est de la graine de petit curieux dans un papier bleu

ou bien encore : Les coins z'ont qu'à venir au milieu, et mettre les araignées à pied ou encore Eclamousser  si évocateur

Suivant le conseil de l'auteur dans sa dernière phrase : "Et si nous continuions", je ne peux m'empêcher de vous faire partager Mes expressions familiales fétiches...

A la maison, nous parlons de Crapouilleries pour qualifier une petite blague faite à un autre membre de la famille. Je crois que cette expressions est née après la mode des "crapouillots", ces bestioles en plastique affreuses que l'on enfilait sur son doigt et dont il existait des tonnes de modèles différents (dans les années 80).

Que dire de ce mot "professionnel" que j'ai transmis à mes collègues... Un de mes patients avait une envie pressante de "régurgiter le contenu de son estomac", dans l'urgence je n'arrivais plus à trouver le nom "haricot" et j'ai hurlé à l'aide-soignant de me donner très vite un Gerbateur ! Il a tout de suite compris et depuis ce mot est utilisé régulièrement dans mon service.

Sans parler du fameux Petit lutin du 5e, mon (ancien) service est au 5e étage et les patients nous jurent régulièrement que "non" ce ne sont pas eux qui ont arraché leur perfusion, leur sonde... et autres joyeusetés, depuis que l'un d'eux nous a affirmé qu'il s'agissait du "petit lutin", nous maudissons régulièrement cet énergumène responsable de beaucoup de soucis pour nous. J'ai changé d'hôpital, d'étage, mais j'ai déjà parlé à mes nouvelles collègues du Petit lutin du 7e qui semble sévir dans mon nouvel établissement... (Martine, toi qui lis ce billet, je te vois sourire derrière ton écran)

Quant au titre de ce billet, c'était l'expression fétiche de mon oncle, pas besoin de vous l'expliquer, je pense que vous aurez bien compris son sens...

J'ai décidé de faire de ce livre un "livre voyageur", n'hésitez pas à vous inscrire en commentaire ou à m'envoyer un mail.

vendredi 18 juin 2010

Un blog, ça raconte. Un blog, ça vit.


Blog - Jean-Philippe Blondel

Le père du narrateur, un ado d'une quinzaine d'années, a commis un crime : lire en cachette le blog de son fils. S'ensuit une guerre des nerfs qui sape l'ambiance familiale. Pour se faire pardonner, le papa dépose au seuil de la chambre de son fils un carton dans lequel l'ado découvrira les journaux intimes écrits par son père lorsqu'il avait son âge.

Voilà longtemps que je voulais lire ce livre, le sujet m'intéresse, l'éditeur est pour moi gage de qualité et les avis glanés ici et là était positifs. Cynthia avait décidé d'en faire un livre voyageur, j'ai pu profiter de cette offre.

Une écriture qui m'a plu, un sujet amusant que cette confrontation entre le père et le fils, tous deux pourtant assez semblables. Malgré tout, je suis gênée par le "prétexte" de l'histoire ! L'ado est dans une colère noire car son père a eu le culot de lire son blog, mais pour moi un blog est un espace public, c'est justement ce qui en fait sa richesse et son intérêt, ce "viol virtuel" commis par le père pour moi n'en est pas un.

Malgré cette réserve, j'ai dévoré ce livre, m'y retrouvantparfois  :

C'est pour ça aussi, le blog. J'en suis conscient. Pour conserver. Parce que j'ai peur que tout ne nous échappe. Ne nous file entre les doigts.

Un livre agréable mais qui ne me laissera pas un souvenir inoubliable. Comme dans le baby sitter, j'ai trouvé que l'auteur aborde des thèmes très intéressants mais ne les approfondit pas suffisamment. Pour ma seconde lecture de Blondel, je ressens le même sentiment, je le lis très vite , j'aime bien mais... il me manque un petit quelque chose, j'ai l'impression d'un livre inabouti qui aurait pu être génial.


L'avis de Cynthia que je remercie pour le prêt. Jean est emballé, ICB et Stephie aussi. L'avis de Bladelor à qui l'auteur a envoyé un message (pstt : j'ai un ado de bientôt 16 ans, lecteur, et pourtant il n'a pas été du tout tenté par ce livre).

lundi 14 juin 2010

Mille morceaux


Mille morceaux - James Frey

16e maillon de la "chaîne des livres" proposé par Levraoueg, boudé par certains maillons pour sa taille ou bien parce qu’ils n’ont pas accroché à l’histoire.


Il s’agit du témoignage de James Frey, 23 ans, qui se retrouve hospitalisé dans un centre de désintoxication, seule issue pour lui avant l’overdose mortelle qui le menace.

Ce livre s’entoure d’une polémique, il semble que la « vértié » ne soit pas toujours respectée par l’auteur mais pour ma part ça ne m’a pas gênée du tout, je l’ai abordé comme un roman et non pas comme une histoire vécue . L’intérêt est la description du ressenti de ces pauvres dépendants, qu’ils soient soumis à l’alcool, la drogue ou à toute autre obsession. Je n’ai connu cette polémique qu’une fois que j’avais lu le livre et, si je suis dérangée par le fait que certains dépendants aient pu le considérer comme une » Bible » qui les aiderait à s’en sortir, j’ai malgré tout bien aimé le récit en lui-même.

Un pavé, oui, mais qui se lit tout seul malgré quelques séances « choc » -le passage chez le dentiste est un tantinet « trash »- J’ai trouvé le récit fluide, l’histoire intéressante et les personnages très attachants. Je lui reproche peut-être certains passages un peu trop « faciles », les parents qui sont compatissants et aimants, jamais dans le reproche ; cette façon de s’en sortir « seul » faisant fi des protocoles mis en place par l’équipe soignante –protocoles que je trouve d’ailleurs très figés, ne suivant qu’un seule et même méthode, jugée la seule capable de guérir James de ses dépendances. Néanmoins ça reste pour moi un bon livre de témoignage, un peu dans la lignée de «Flash ».

Merci Levraoueg, ce livre retourne à présent chez sa propriétaire

Un billet intéressant Ici qui parle aussi des romans suivants de Frey, Armande n’a pas réussi à garder la distance vis-à-vis du texte, elle a abandonné au bout d’une centaine de pages,  Leiloona s’est sentie trahie, l’avis de Yoshi  , celui de PascaleKeisha parle d’une lecture « pas facile », Chimère non plus ne l’a pas fini…


mercredi 9 juin 2010

C'est le plus grand des voleurs...


L'aiguille creuse - Maurice Leblanc

La demeure du comte de Gesvres a été cambriolée ! On a vu les malfrats quitter la place les bras encombrés  de lourds paquets, la nièce du comte a blessé gravement un des voleurs mais… à l’arrivée de la police : rien n’a été volé, toutes les œuvres d’art sont à leur place et le corps de l’homme blessé est introuvable ! C’est évident : encore un coup d’Arsène Lupin !


Mon préféré dans la série du Gentleman Cambrioleur. Lupin y ressemble davantage à Descrières que dans les autres livres, il est moins cruel, plus humain et toujours aussi impertinent et cabotin ! Quelle belle prouesse de la part de Leblanc que l’invention de cette « aiguille creuse », secret d’Etat qu’on souhaiterait tellement être vrai !

J’aime tout dans ce livre : les paysages d’Etretat fouettés par les vagues, cette énigme historique si palpitante, le jeune Beautrelet (qui aura pour moi toujours le visage de Giraudeau à ses débuts) et le personnage de Lupin qui désire tant devenir un anonyme pour les beaux yeux de son aimée.

A lire sans modération devant une mer démontée !

mercredi 2 juin 2010

Lus en Mai


Le garçon merveilleux - Peter Corris
Cliff Hardy est détective privé, il est engagé par Lady Catherine Chatterton afin de retrouver le petit-fils de cette dernière. Rejeton abandonné par sa mère qui a fui un mariage arrangé, il a disparu dans la nature.
Le thème à l'honneur pour ce trimestre-ci chez les Rats de Biblio est "La littérature Australienne".
Une littérature que je connais peu et que j'ai très envie de découvrir. J'ai commencé l'aventure avec ce policier de facture très classique (l'action se déroule en partie à Sydney mais pourrait bien avoir lieu dans n'importe quelle métropole).
Une intrigue bien ficelée, un petit livre sympa. Mais j'attends mieux de mes futures lectures from Australia...

Meurtres au Potager du Roy - Michèle Barrière
J'ai lu les romans précédents de Michèle Barrière et ils m'ont laissée sur ma faim (si je puis dire). J'adorais lire l'intrigue hisorico-culinaire et déplorais le côté un peu faiblard de l'intrigue policière... Eh bien dans celui-ci ce serait plutôt le contraire !
La superbe melonnière du château de Versailles a été saccagée. On découvre bientôt que toutes les cultures de melons subissent le même sort et que quelques crimes viennent émailler le massacre.
Si j'ai aimé la description des jardins de Versailles sous Louis XIV, l'escapade à Londres ; j'ai regretté ne pas avoir eu autant l'eau à la bouche que lors de ses précédents opus. Mais ça reste une bonne détente et je crains fort de succomber au prochain livre de la série.

Le prince de sang-mêlé - JK Rowling
Parce que j'adore relire Harry Potter de temps en temps ; ça se passe de commentaire !

Ne vous fâchez-pas Imogène ! - Exbrayat
Imogène est Ecossaise et fière de l'être ! Elle est chargée par l'Intelligence Department de l'Amirauté de livrer les plans secrets d'un avion révolutionnaire.
J'ai eu envie de relire ce livre après avoir vu le film avec Catherine Frot. Film que j'ai beaucoup aimé, un peu loufoque, on a l'impression de voir une bande-dessinée ! Mais c'est tout à fait l'esprit des livres de la série "Imogène", une héroïne survoltée à qui il arrive des aventures abracadabrantes ! On aime ou pas, moi j'adore ! et compte bien relire les autres péripéties de cette "tornade rousse". (psst : dans le même genre et du même auteur : "chewing-gum et spaghetti" ou "chianti et coca-cola" sont eux aussi des réussites !).

Les Huit Coups de l'horloge - Maurice Leblanc
Le prince Rénine (alias Arsène Lupin), pour conquérir la belle Hortense, l'entraîne dans une série de huit aventures au terme desquelles elle devra décider de son attachement pour lui.
J'ai eu une furieuse envie de relire les aventures d'Arsène Lupin ! envie de lecture "facile" et je compte bien continuer et lire les opus que je n'ai pas encore.
Dans celui-ci, Rénine est le "bon côté" de Lupin, l'homme généreux qui combat l'injustice, sauve les innocents et condamne le crime. Une agréable détente idéale pour se vider la tête.