jeudi 29 mai 2014

Je suis disponible. Mais je ne suis pas libre.


Karoo - Steve Tesich

L'OUVRAGE
ne mesure que 140 mm de largeur
sur 195 mm de hauteur. Pourtant
la chute qu'il raconte
est vertigineuse.
(en dernière page du livre)

Pour mon retour sur le Club de Lecture d'Aufeminin, j'ai choisi ce roman, guidée par les critiques :

Un cocktail détonnant de cynisme assumé et la grâce d'une écriture absolument géniae ! (JF Delapré)

Si les mots ont encore un sens, n'hésitons pas : c'est un chef d'oeuvre (Sud Ouest)

Karoo est un hymne admirablement retors à la littérature. (Le Monde)

Mais... J'aurai dû lire la 4e de couverture !!!!! "c'est à la fois Roth et Easton Ellis, Richard Russo et Bellow"...
Arghhhhhhhhhhhh, le seul que j'aime est Russo, parce que j'ai détesté Easton Ellis et ne suis pas fan de Roth (n'y voyez là aucun jugement, juste le constat que je n'accroche pas à la littérature américaine contemporaine) et, dès les premières pages, j'ai pris peur...

L'histoire d'un "docteur" de scénarii, cynique, amoral  (Dans le brouet indifférencié de mon esprit, il n'y a pas de différence entre le bien et le mal) qui s'abrutit dans la bonne société New Yorkaise... Grrr, tout ce que je déteste chez Easton Ellis et, même si l'écriture est plus "soft", je retrouve cette atmosphère malsaine qui m'avait tant déplu... Bref, je me suis accrochée et ne l'ai pas regretté... Je ne suis pas fan de littérature américaine et me suis laissée happer par le style un tantinet dérangeant.

Au final, une descente aux enfers inéluctable, ce vieux cynique qui veut s'amender, qui a le bonheur à portée de main et voit s'échapper sa seule chance de rédemption... à lire...

pssst : j'ai croisé un "dégingandé" clin d'oeil à Cuné

samedi 17 mai 2014

Dans une plainte aiguë et assourdissante, le mort se redressa sur ses coudes


Code 93 - Olivier Norek


Un zombie, une victime de combustion spontanée et un dealer vampirisé...

Des meurtres sauvages et habilement mis en scène, le quotidien des policiers du "neuf-trois", un soupçon de prostitution et de grosses magouilles politiciennes... Ce sont les ingrédients de ce policier efficace et bien ficelé...


L'auteur est lieutenant de police et ça se sent... Les scènes "policières" respirent l'authenticité, une succession de courts chapitres donne un rythme soutenu à l'histoire qui se dévore !!! J'ai adoré les scènes "choc", comme une impression de lire du Grangé (dans sa splendeur, parce que ses derniers livres m'ont déçue).
Si j'ai pensé à Grangé devant la description cinématographique des scènes, j'ai aussi comparé l'extraordinaire Johanna De Ritter à l'incroyable Retancourt des romans de Vargas... D'ailleurs, les femmes y ont largement leur place : de la redoutable Margaux Soultier dont l'ambition pour les autres est débordante à Léa Marquant qui préfère vivre avec les morts que subir les jérémiades des vivants  en passant par Damian, Jevric ou Noviello.


Le style est efficace, quel bon scénario pour un film ! Peut-être que... ?????



Edit du 17 Mai
Les lignes précédentes ont été écrites immédiatement après ma lecture du livre, soit il y a une dizaine de jours... Hier soir, nous avons reçu Olivier Norek à Brunoy pour notre soirée littéraire mensuelle...




J'ai pu lui dire tout le bien que je pensais de son livre, ai appris avec plaisir que le prochain opus (indépendant mais avec des personnages récurrents) sortira en Octobre et que"Code 93" serait adapté pour la télévision en 4 épisodes... Je me régale à l'avance !

Nous avons beaucoup parlé de l'image des policiers en France, certains utopistes (rêveurs ?) ont pris conscience des manipulations exercées par nos politiciens s'agissant des chiffres de la criminalité, ou bien encore des votes truqués... 95% du livre est vrai, le reste est romancé (Olivier Norek), l'assistance de lecteurs avait donc des tonnes de questions à poser à notre inspecteur... Peut-être au détriment d'un débat sur le livre lui-même d'ailleurs, c'est dommage car il en vaut vraiment la peine...

Bref, pour une fois qu'on peut lire un polar français bien ficelé... Si vous ne vous précipitez pas pour l'acheter j'en avale mon chapeau ;-) (Edité chez Michel Lafon et France Loisirs)


Pour en savoir davantage...
En référence à un passage du livre, nous avons parlé du "carré des indigents" du cimetière de Thiais...

Le « carré des indigents » ou « fosse commune »

Fonctionnement. Si l’emplacement diffère, la procédure d’inhumation des personnes seules et/ou sans ressources se veut sensiblement identique à celle des personnes bénéficiant d’une concession personnelle (corbillard, quatre porteurs, personnels funéraires et moment de recueillement).
Cinq ans après l’inhumation des corps et si aucun proche ne s’est manifesté pour procéder à une exhumation afin d’organiser des obsèques et une sépulture personnelle, le corps est retiré du carré des indigents pour rejoindre l’ossuaire (réceptacle destiné à accueillir les ossements humains prenant parfois la forme d’une chapelle) ou fait l’objet d’une crémation, les cendres étant ensuite dispersées dans le jardin du souvenir (dont tous les cimetières implantés sur une commune de plus de 2000 habitants doivent être dotés). Cette procédure visant à offrir une concession à d’autres « indigents », la durée initiale de la concession (5 ans) peut augmenter selon la demande.
Source : http://blog.majolietombe.fr/

Une interview de l'auteur : Ici, une autre : Ici
La page Facebook de l'auteur : Ici aussi
Lucie Merval trouve que le roman se démarque par sa grande humanité,



jeudi 8 mai 2014

L'action et le dialogue peuvent engendrer la tragédie



Le parapluie rouge - Anna de Sandre
 
 
Recueil de 5 nouvelles. Cinq solitudes qui prennent un nouveau départ. Clara, SDF gourmande de la vie ; Rachel, pisteuse de cafards ; Aurélien, sauvé par l'Heure Bleue ; La jeune veuve qui fait une rencontre saisissante dans son ascenseur ou bien cette cartomancienne et son amie aux yeux mauves.
 
Des personnages à la dérive, une atmosphère feutrée, des histoires de rencontres improbables... je ne suis pas amatrice de nouvelles, cette fois encore la magie n'a pas opéré. Principalement à cause du style d'écriture, trop ciselé. Il manque de spontanéité. L'auteur écrit aussi de la poésie, je serai curieuse de lire sa production, son style me semble plus adapté à la poésie...

 
Au début, j'ai été séduite :
 
Le silence qui précède les discussions redoutées déconcentrait l'une et apeurait l'autre, étirant les minutes d'un point à l'autre du salon comme le fil d'un étendoir qui attendrait que la famille lave son linge.
 
Puis, j'ai décroché :
 
J'ai atterri dans un mauvais café après avoir roulé des cigarettes et des pelles, ainsi qu'une avocate maternante qui m'avait offert le gîte et le couvert dans un coin de la France où les toits sont vernissés et multicolores, et les bocages encore habilement en amitié avec les bosquets.
 
 
 
Mais j'y ai fait une belle découverte :
 
 
 
 
J'ai croisé des mots que je ne connaissais pas : tâte-poule, idémiste, anagnoste (les potinettes apprécieront), mais aussi un passage amusant pour tout LCA :
 
Un livre dépasse légèrement de la poche gauche ... Madame Amaury se penche pour déchiffrer le titre - un lecteur assidu a toujours ce réflexe impudique et souvent, selon l'auteur déchiffré, l'autre sera-t'il jugé digne d'intérêt ou laissé dans sa médiocrité.
 
Marianne l'a apprécié bien plus que moi, le blog de l'auteur : http://biffureschroniquesads.wordpress.com/
 
Le fameux parapluie rouge :
 


 
Avigdor Arikha - The red umbrella (1973)
 
 
 
Merci aux éditions In8 pour le partenariat.